La nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier Ministre, bien qu’annoncée comme un signe de renouveau, soulève des interrogations légitimes, notamment parmi les travailleurs de notre pays. Si certains y voient un simple changement de figure, d’autres y perçoivent avant tout une opération de communication sans réelle portée. En réalité, cette désignation semble plus renforcer le sentiment d’isolement et d’abandon que vivent au quotidien les citoyens, notamment ceux qui subissent les conséquences de réformes sociales injustes.
Pour la CFDT, cette nomination n’est en aucun cas une rupture avec les politiques libérales menées par le gouvernement précédent. Bien au contraire, elle s’inscrit dans une continuité préoccupante, où les enjeux sociaux sont laissés de côté au profit de choix économiques qui ont largement montré leurs limites. Si Sébastien Lecornu a une expérience indéniable en tant que ministre des Armées, son parcours ne laisse pas entrevoir une volonté de réorienter les priorités gouvernementales. La réforme des retraites, la précarité croissante des travailleurs, la paupérisation des plus démunis : aucune de ces problématiques n’a trouvé, dans ses précédentes fonctions, de réponses à la hauteur des enjeux.
Le gouvernement, avec cette nomination, semble continuer sur la même voie, sans prendre la mesure des bouleversements nécessaires. Les propos de Sébastien Lecornu sur sa volonté de « créer du dialogue » et d’adopter une « nouvelle méthode » avec les partis politiques et les syndicats aurait pu faire sourire, si la situation sociale n’était pas aussi grave. Faut-il rappeler qu’en tant que ministre des Armées, Sébastien Lecornu n’a jamais jugé bon de participer au Comité Social d’Administration Ministériel (CSAM), l’instance centrale de dialogue social de son propre Ministère ! Cette absence n’a pas manqué d’être perçue comme un mépris total pour les représentants syndicaux qui défendent les conditions de travail des agents civils du Ministère. Ironie du sort : celui qui aujourd’hui prétend vouloir instaurer une nouvelle dynamique de concertation sociale n’a, dans les faits, jamais jugé utile de dialoguer véritablement avec ceux qui, au quotidien, font vivre la défense nationale. Et maintenant, sous l’angle de la communication, il semble se lancer dans un grand projet de « consultation sociale » et de « prise en compte des préoccupations de terrain ». Mais après des années de silence, il est légitime de se demander si ce n’est pas une simple manœuvre pour redorer son image plutôt qu’un véritable engagement à changer les choses.
La CFDT, quant à elle, attend des actes concrets. Les travailleurs ne veulent pas de nouvelles promesses sans lendemain. Il est plus que temps que le gouvernement prenne à bras-le-corps les réformes sociales indispensables. Sébastien Lecornu, si vous voulez réellement répondre aux attentes des Français, il ne suffit pas de changer de tête. Il faudra surtout changer de cap, et ce, avec les syndicats, non contre eux.

Edito : Jean-Yves Floch