Encore une fois, les fonctionnaires servent de variable d’ajustement. En annonçant vouloir réduire les effectifs de la fonction publique, les ministres de l’Économie et des Comptes publics ressortent une vieille antienne aussi datée qu’inefficace. Derrière les discours technocratiques sur les « dépenses maîtrisées » et la « nécessaire efficacité », c’est un choix politique clair qui se dessine : affaiblir les services publics, au risque d’accroître les inégalités et de mettre à mal notre pacte républicain.
À la CFDT, nous ne sommes pas dupes. Ce discours budgétaire n’est pas neutre : il nie les réalités du terrain, ignore les besoins croissants de la population et méprise les agents publics qui, chaque jour, tiennent la République debout. Moins d’enseignants, moins de soignants, moins de policiers, moins d’agents pour accompagner les transitions écologique, numérique ou sociale… qui peut sérieusement croire que cela améliorera la vie des Français ?
Ce que nous voyons, nous, c’est un hôpital qui craque, une école qui peine, une justice sous tension, une transition écologique qui demande plus de bras, pas moins… Réduire les effectifs aujourd’hui, c’est condamner les agents restants à l’épuisement, à la perte de sens, et les usagers à la frustration, voire au renoncement.
Ce n’est pas en rabotant que l’on transforme !
La CFDT défend une fonction publique modernisée, oui, mais au service de tous et avec les moyens humains nécessaires pour répondre aux défis d’aujourd’hui. Cela suppose de sortir de la logique du chiffre, pour entrer dans celle de l’impact : quelle qualité de service ? Pour quels besoins ? Avec quelle reconnaissance pour celles et ceux qui s’engagent ?
Et puis, soyons clairs : si l’État veut redresser les comptes publics, qu’il commence par s’attaquer aux niches fiscales inutiles, aux fraudes massives, à l’évasion organisée. S’en prendre aux fonctionnaires, c’est facile, c’est populiste, mais c’est lâche !
La CFDT refuse une vision comptable du service public. Nous portons une autre ambition : celle d’un État au service de la cohésion sociale, de l’égalité des chances et de la transition juste. Cela demande des moyens, de la volonté politique, et surtout du respect.
Non ! le nombre de fonctionnaires n’est pas un problème.
Le vrai enjeu, c’est de leur donner les moyens de faire leur travail correctement.
Edito Caroline Kerdoncuff